Essais fourragers dans le Grand-Est Associer productivité et longévité pour faire face aux changements climatiques
Les experts de Seenorest dressent le bilan des essais fourragers sur la combinaison méteils + légumineuses menés dans le Grand-Est.
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« Dans la continuité des expérimentations menées l'année dernière, plusieurs essais de cultures fourragères à base de méteils, combinés à des légumineuses de longue durée, ont été conduits ce printemps sur la zone Lorraine », explique Jean-Paul Romano, expert fourrages chez Seenorest.
« Le but est toujours de réduire la sole de maïs ensilage, tout en produisant un fourrage de plus de 8 tonnes de matière sèche et de qualité suffisante (MAT > 15 %), et de consolider les résultats obtenus l'année dernière avec des semis en automne de prairie de moyenne à longue durée en même temps qu’un méteil. L’enjeu est de renforcer le volume de la première coupe sans pour autant pénaliser l'installation et le développement du mélange prairial. »
Plusieurs mélanges ont été testés :
- le premier à base de seigle fourrager (100 kg) associé à du trèfle violet (10 kg) et du trèfle squarosum (5 kg),
- le second à base de triticale (50 kg) associé à de la luzerne (40 kg), à de la vesce (25 kg) et à des trèfles (10 kg), mélangé à 30 kg de « mixdry » (1/3 de dactyle, de RG et de fétuque élevée).
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas
« Cette année fourragère confirme toutes les difficultés à mettre en place des systèmes avec moins de maïs et plus d’herbe, avec des années climatiques sans repères, extrêmement différentes d’une année à l’autre, qui nécessitent d’adapter en permanence sur le terrain le scénario initial qu’on a imaginé à l’automne précédent. Cette année, on a pu constater le manque de souplesse dans la gestion de l’herbe et des méteils (production de matière sèche concentrée sur quelques semaines), avec des fenêtres de récolte très réduites et une portance des sols à la limite aux périodes idéales d’exploitation. »
Il faut être prêt à adapter le scenario initial en ayant les moyens de réagir rapidement.
« Tout ceci compliqué d’une concurrence avec les autres travaux agricoles (semis du maïs), il a été nécessaire d’avoir les moyens et les ressources de réagir très rapidement. Sans oublier à côté de cela l’éternelle problématique entre l’objectif quantitatif pour refaire des stocks et ne plus avoir à acheter de fourrage et l’objectif qualitatif de produire des fourrages à bonne valeur alimentaire pour réduire la part des concentrés. »
Un hiver froid mais qui n’a pas impacté les trèfles et les protéagineux
« La conduite de ces cultures s'est trouvée confrontée à un contexte climatique, encore une fois très particulier. L'installation à l'automne s'est effectuée dans des conditions d’humidité permanente ce qui a obligé à décaler à plusieurs reprises le travail du sol et le semis. Celui-ci a finalement eu lieu la première semaine d’octobre.
L'hiver qui a suivi a connu une période de températures relativement basses, assez classique pour la saison, mais que nous n’avons plus l'habitude de voir depuis plusieurs années. Cet épisode a fait craindre la disparition des trèfles et des protéagineux par le gel ; cependant les dégâts ont en fait été minimes et on peut penser que les céréales ont joué un rôle de protection efficace. »
L’atout du mélange méteil/légumineuses : récolter 2 fauches alliant qualité et quantité avant les fortes chaleurs
« À l’inverse, le début du printemps particulièrement froid (environ 3 semaines de retard en somme des températures par rapport à l’année précédente) a été très difficile en termes de développement des plantes et a fait craindre l'échec de la démarche. En effet cette technique repose essentiellement sur des fauches précoces qui permettent d'une part de récolter un fourrage d’une qualité très correcte dans la mesure où la céréale est récoltée en sortie du stade de montaison, et d'autre part, de laisser du temps au développement des repousses. Cela permet de réaliser un 2e cycle de récolte de fort tonnage, et toujours de bonne qualité du fait de la présence des légumineuses, avant que l’éventuelle canicule annuelle ne s'installe ».
Mélange seigle fourrager/trèfles : une 1ère exploitation tardive mais compensée par la qualité de la seconde coupe
« À une exception près où le risque a été pris d’ensiler dans la fenêtre météo de fin avril, la première exploitation du seigle n’a pas pu se faire avant le 9 mai, pour un rendement pesé à 24 t de MB/ha. La reprise de production végétale au mois de mai a été spectaculaire et a permis de rattraper le retard en végétation, mais certainement au dépend d’une partie de la qualité qu’il faudra déterminer. La qualité de la ration sera cependant améliorée par la 2e coupe qui bénéficie cette année de conditions climatiques très favorables au développement des trèfles. »
On retrouve ainsi le schéma initial, même si la céréale sera moins présente en 2e cycle avec un moindre tonnage en 2e coupe, celle-ci sera a priori d’excellente valeur alimentaire ».
Même constat pour le mélange méteil/luzerne
« On observe le même résultat dans les parcelles semées en luzerne mélangées à du méteil. La première exploitation des méteils s’est effectuée à la fin du mois de mai, et a été suivi d'une reprise du développement de la luzerne (mais aussi de la vesce) à titre de culture principale. »
« L’intégration de trèfle violet et/ou de luzerne permet de répondre à la question de savoir quoi faire après un méteil récolté en fin de printemps. Dans les autres cas, il est possible d’installer soit un mélange avoine/vesce, soit un sorgho, soit un méteil d’été (de type trèfle d’Alexandrie/moha).
À noter aussi l’intérêt des sursemis à l’automne de méteils dans des luzernes relativement âgées qui commencent à s’éclaircir. Cette technique limite leur salissement et permet d’augmenter le rendement de la première exploitation au printemps, contribuant ainsi au rééquilibrage du bilan fourrager. »
Les méteils, arrivés au stade de début épiaison, ne sont plus adaptés à la production laitière
« Le bilan final de ce printemps dépendra beaucoup du retour d’analyse de la première coupe de méteil, beaucoup plus tardive que prévue du fait du contexte climatique. Les méteils fauchés au stade début épiaison sont peu adaptés à l’alimentation des vaches laitières, et sont à réserver en priorité à la production de viande et aux génisses. En effet, ce sont des fourrages fibreux, certes volumineux, mais à faible valeur énergétique et azotée, qui ne peuvent être incorporés qu’en quantité limitée dans la ration à moins d’un fort rééquilibrage par les concentrés. »
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